Solennité de Saint Jean de Dieu

Lettre Circulaire du Père Général

 

Mes chers frères, collaborateurs et membres de la Famille hospitalière de saint Jean de Dieu.

Introduction

Chaque année, nous célébrons la solennité de saint Jean de Dieu le 8 mars. Je tiens à vous envoyer à tous mes meilleurs vœux pour préparer et vivre avec joie la mémoire de notre fondateur dont l’esprit continue à inspirer avec dynamisme l’Église et le monde grâce à notre Famille bien-aimée.

Cet homme qui a vécu au seizième siècle, n’était ni prêtre ni théologien ; il n’a occupé aucune position sociale, politique ou ecclésiastique importante et cependant, il est au nombre des grandes personnalités qui ont contribué à renouveler l’Église catholique. Comme personne auparavant, il a manifesté la miséricorde et l’amour de Dieu pour les pauvres, les malades et les nécessiteux avec une telle intensité qu’il a compromis sa santé à leur service. Sa vie fut un reflet précis du bon Samaritain dont notre monde continue à avoir un si grand besoin. Le message, l’esprit et le testament qu’il nous lègue aujourd’hui sont le témoignage d’une existence donnée et d’une personne dont nous ne devons pas simplement nous souvenir pour l’admirer, mais que nous devons imiter et suivre.

Témoin de l’hospitalité

Il est assez normal qu’une personnalité de ce type n’ait pas écrit grand-chose, d’ailleurs il n’en avait pas le temps. Toutefois, le peu de lettres qu’il a écrites ou dictées,- elles sont au nombre de six – constituent un compendium dense de théologie, de spiritualité, de pastorale et d’assistance socio-sanitaire. Un manuel de l’hospitalité qu’il a validé de son vécu en consacrant toute sa vie au projet que Dieu avait pour lui et en servant tous ceux qui étaient dans le besoin et croisaient sa route jusqu’à verser sa dernière goutte de sang pourrions nous dire.

“Et à la vue des souffrances de tant de pauvres, mes frères et mes semblables, aux besoins corporels et spirituels si grands, je suis bien triste de ne pouvoir les secourir.” (2GL 8). Cette phrase montre bien comment notre fondateur percevait les souffrances d’autrui et en souffrait lui-même dans son cœur. Ses lettres et son premier biographe, Francisco de Castro, pullulent de références et de détails sur le style et l’hospitalité qu’il pratiquait. “Toute la journée il s’occupait de différentes œuvres de charité. De retour à la maison, le soir, même s’il était très fatigué, il ne se retirait jamais avant d’avoir rendu visite à tous les malades. À chacun il demandait s’il avait passé une bonne journée, si tout allait bien, s’il avait besoin de quelque chose. Il les réconfortait dans leur corps et dans leur âme par des paroles affectueuses” (Castro XIV).

Célébrer la mémoire de notre fondateur aujourd’hui représente avant tout un appel lancé à tous ses disciples de devenir comme lui, des témoins de l’hospitalité. Nous devons l’être en faisant nôtre sa manière de servir, de se donner chaque jour et en devenant à notre tour, des bons Samaritains. Il ne nous a pas légué des stratégies ni des programmes, mais simplement l’exemple d’avoir vécu et servi pour l’amour de Dieu. L’Église et le monde attendent de chacun de nous qui constituons la Famille de saint Jean de Dieu, qu’il pérennise ce témoignage de l’hospitalité. Cette mission est des plus urgentes et chacun de nous doit s’y engager même de manière infime s’il n’est pas capable de plus, mais tous nous devons et pouvons faire quelque chose en ce sens. Voilà en fin de compte, des fondements réels et crédibles pour une pastorale des vocations hospitalières.

Témoins de l’espérance

Les difficultés sont inhérentes à l’existence et saint Jean de Dieu en a eu son lot, en particulier pour réaliser sa mission. Les besoins étaient gigantesques et les moyens et les ressources fort rares. Toutefois, cela ne lui a jamais fait perdre courage ; cela n’a jamais constitué un obstacle pour réaliser son projet d’hospitalité ; il n’a jamais permis au sentiment de frustration d’avoir le dessus. Sa confiance et son espérance reposaient en Jésus Christ et l’ont maintenu solidement ferme dans l’accomplissement de sa mission. C’est grâce à cette confiance, à cette espérance qu’il a trouvé les moyens de la réaliser au-delà de ce qui était humainement possible.

“Je me trouve ici en grande difficulté... plus lourdes sont mes dettes et plus nombreux mes pauvres... Du travail que j’ai commencé je ne puis venir à bout…Mais Jésus Christ y pourvoit et moi, je ne fais rien ” (1DS 14, 2DS 2-22). En Jésus Christ il trouvait la force de vivre avec espérance au milieu des difficultés. Une espérance qui ne se fonde pas sur la passivité mais sur la foi, le service, le travail intense. Il recherchait les ressources nécessaires avec humilité et créativité. Il a rencontré de nombreux bienfaiteurs et personnes de bonne volonté prêts à soutenir un projet qui ne cessait de se développer malgré, comme il le dit lui-même dans ses lettres, que la situation des besoins qui l’entouraient le jetassent dans une extrême détresse. (2GL 3) et parfois dans l’angoisse (2DS 2).

Ce que notre fondateur a vécu s’est répété à maintes reprises dans l’histoire de notre Ordre et continue à se répéter dans de nombreuses parties du monde, particulièrement aujourd’hui où la crise financière affecte beaucoup de nos œuvres.

L’expérience de saint Jean de Dieu doit nous éclairer. Elle nous enseigne qu’il faut continuer à espérer malgré les difficultés et mettre sa confiance dans l’Esprit du Seigneur qui a commencé et soutient la mission de l’Ordre. L’espérance ne fera pas disparaitre les difficultés. Parfois même nous ne pourrons continuer à faire fonctionner tous nos services et programmes par manque de ressources. Mais l’espérance nous aide à vivre avec une passion plus grande encore l’hospitalité; elle nous aide à travailler plus intensément pour conserver ce trésor qui nous a été confié ; à servir avec plus de sollicitude et dévouement les malades et les démunis ; à rechercher avec créativité, intelligence et transparence les ressources nécessaires et à les gérer de manière adéquate ; à renforcer la communion entre tous les membres de la Famille hospitalière de saint Jean de Dieu en faisant appel aux qualités, dons et talents de chacun. Si nous agissons de la sorte, l’espérance et la confiance en Jésus Christ porteront de bons fruits. 

 

Conclusion

Nous sommes au début d’un nouveau sexennat. Le document complet des Déclarations du Chapitre général de 2012 a déjà été envoyé aux provinces de l’Ordre. Ce document a également été affiché sur le site web ainsi que la programmation des événements les plus importants de ces six prochaines années. Nous commencerons à le mettre en œuvre en créant plusieurs commissions. Après la fête du 8 mars, nous entreprendrons les visites canoniques. Nous leur avons donné comme titre  “Vivre l’hospitalité avec espérance et audace”.

Le définitoire général s’est rendu à Grenade à la fin du mois de janvier pour quelques jours. Nous avons mis tout le travail de ce nouveau mandat et tout notre Institut sous la protection de notre saint fondateur.

Il ne me reste qu’à vous souhaiter à tous, frères, collaborateurs, bénévoles, bienfaiteurs, malades et personnes prises en charge dans nos œuvres une heureuse Saint-Jean-de-Dieu. Puissiez-vous la préparer et la célébrer dans la joie. Que l’esprit de notre fondateur nous inspire et nous aide à grandir dans l’hospitalité. Qu’il confirme notre espérance pour réaliser avec amour notre mission de service auprès des malades, des pauvres et des nécessiteux.

Unis dans le Seigneur et en saint Jean de Dieu, je vous salue très fraternellement

 

Frère Jesús Etayo

Supérieur général

 

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